Test FuJifilm x-H2S - photographie de mariage
TEST FUJIFILM X-H2S, Après 3 ans de Nikon Z6, je repasse chez Fuji
Vous savez la phrase qu’on entend le plus souvent en mariage ?
Avec un tel appareil vous devez faire de belle photo.
Alors entre photographes de mariage, on s’indigne, « ce n’est pas le matos qui fait la photo ! »
Et pourtant dès qu’il s’agit de parler matériel, les débats sont enflammés et on consacre une énergie infinie à réfléchir à quel est le meilleur matos.
Finalement les invités en mariage n’ont peut-être pas tort !
Et donc je ne déroge pas à la règle. Au bout de 3 ans, je cherche dans les innovations techniques des opportunités de changer mon matériel. Certains diront des prétextes…
Et c’est ce qui vient de sa passer, sur un coup de tête je suis repassé de Nikon à Fujifilm.
En 2018 j’avais fait le même chemin, en quittant les DSLR Nikon pour le Mirorless Fujifilm XT-3. Cette passionnante histoire vous est racontée ici.
Mais une saison plus tard, telle une girouette, je repassais chez Nikon en découvrant le Z6.
Après 3 ans de bons et loyaux services, je rechange une énième fois mon fusil d’épaule et me revoilà chez Fuji.
Bye bye Z6, bonjour X-H2S.
FUJIFILM X-H2S - ENCOMBREMENT
Alors pourquoi un tel changement ?
Et bien parce que je suis un malade mental du gain de place, de l’optimisation.
Il me faut le matos le plus petit, le moins lourd, le plus compact.
Pour vous donner un exemple, à une époque je partais en voiture le coffre plein pour un shooting produit et désormais j’arrive à y aller en moto (sans top case, ni sacoche !). En 2018 j’ai pris l’avion pour un mariage et j’avais juste un seul sac à dos pour TOUT mon matos, et mes vêtements du lendemain. Il est loin le temps de 2 appareils monobloc, de 24-70 de 70-200 f/2,8 .
Alors à moins de vouloir faire un mariage au smartphone, qui fait les appareils et les objectifs les plus compacts ? C’est Fujifilm !
Le boitier n’est pas aussi rikiki qu’un X-T4, il est quasiment identique au niveau poids et taille avec le Nikon Z6.
Mais c’est au niveau des objectifs que le gain de place est le plus fou.
Voilà mon sac à dos Nikon et la même chose en Fuji. Avec les mêmes focales.
Le Nikon Z 14-30 f/4 devient un Samyang AF 12mm f/2
Le Nikon Z 50mm f/1,8 devient un Fuji 33mm f/1,4
Le Nikon Z 24mm f/1,8 devient un Fuji 16mm f/2,8 (il est vraiment rikiki lui)
Le Nikon Z 85mm f/1,8 devient un Sigma 56mm f/1,4
Le Sigma 135mm f/1,8 devient un Viltrox 85mm f/1,8
Ce qu’il y a de bien avec Fuji c’est que leur monture est ouverte depuis des années aux constructeur tiers. Il existe donc des optiques qu’on ne trouve pas chez Fujifilm (Samyang 12mm AF par exemple) et pour le reste on peut trouver des choses de bonne facture pour moins cher Fujifilm. Evidemment on en a toujours pour son argent et ses optiques tierces ne sont pas sans défauts, notament le Samyang, j’y reviendrai. Le Sigma 56mm f/1,4 remplace le 56mm f/1,2 et le Viltrox 85mm f/1,8 remplace le 90mm f/2. Leurs performances sont très bonnes et il est probable que seuls les passionnés de technique soient sensibles à leurs moindre qualités comparées à leurs homologues estampillés Fujifilm.
Au final, je gagne presque de 2 kg et quelques litres par rapport à mon sac précédent.
Mission accomplie !
FUJIFILM X-H2S - AUTOFOCUS EXCEPTIONNEL
Alors je mentirais en disant que c’est le seul argument qui a motivé mon choix. Il se disait que l’autofocus était monstrueux et jouait dans la cour des Nikon Z9 et autres Sony A1.
Alors je n’ai ni Z9 ni A1 pour comparer, mais effectivement c’est diablement efficace.
Le X-H2S est capable de trouver des visages en toutes circonstances !
Loin, à travers des premiers plan très envahissants, dans le noir, à contre-jour. Et quand c’est trouvé, il s’y accroche comme une moule à son rocher ! Et ce avec tous mes objectifs. Aussi bien le tout nouveau 33mm Fuji muni de son moteur LM autofocus dernière génération, que les objectifs tiers (Samyang et Viltrox).
Voici quelques exemple de situations assez touchy pour un autofocus.
Et même sur le dance floor avec des gens en mouvement ultra rapide et imprévisible, l’appareil est capable de trouver les visages et de s’y accrocher.
L’appareil est aussi capable de trouver les visages de les suivre sur un contre jour ultra violent comme cette entrée d’église
Il est tellement performant que je peux me permettre d’autres façons de shooter en soirée.
Avant je restais en mise au point manuelle, diaphragme fermé à f/8 au moins. Au très grand angle tout est net de 80cm au moins 20m donc pas de souci de mise au point. Comme j’ai systématiquement un ou des flashs ce n’est pas gênant.
Là, je peux me permettre de shooter à f/2 ou f/2,8 (pour baisser les iso), et si je vise bien mon sujet l’appareil va rester accroché à son visage, même s’il se retourne (l’AF trouve alors la tête, puis revient sur l’œil quand il réapparait dans le champ).
Pour la danse, j’utilise le Samyang 12mm AF f/2. Il est lui aussi tout petit et léger. C’est un régal de confort car je shoote à une seule main sur le dance floor. Appareil en main droite et perche avec flash en main gauche. Avec un full frame et un 16-35 c’est autrement plus lourd. Et je me rends compte que ma douleur chronique dans la paume de la main droite a disparu.
L’objectif à cependant 2 défauts :
1 – son diaphragme. Il est assez lent et des déclenchements ultra rapides ne lui permettent pas de retrouver rapidement la pleine ouverture nécessaire à la visée en mode DSLR qu’on utilise la nuit pour voir clair dans le viseur. Ça provoque des lags de l’appareil qui doit compenser en augmentant la luminosité du viseur. La visée se bloque parfois quelques dixièmes de secondes (mais on peut toujours déclencher). Il faudrait tester avec un autre objectif, le Fuji 16mm me semble plus réactif sur ce point.
2 – en mise au point manuelle (méthode hyperfocale), l’appareil a la bonne idée de donner dans le viseur le focus peaking qui indique les zone nettes, mais aussi, et surtout, l’échelle de profondeur de champ, en temps réel, et en mètres ! C’est dynamique selon la distance de MAP et le diaphragme. Cette fonction est géniale, elle manque terriblement au Z6. Cependant si cette indication est fiable pour les objectifs de marque Fujifilm elle est farfelue pour le Samyang. Une mise à jour du firmware de l’objectif pourra peut être corriger ça.
Il existe plusieurs types de shutter. Je vous avoue que je n’ai rien compris aux 5 ou 6 modes différents, mais en gros, il y a mécanique ou électronique. Si le shutter électronique permet une prise de vue totalement silencieuse, et parait-il de s’affranchir des problèmes de rolling shutter, même sur des sujets en mouvement rapides, je préfère rester en shutter mécanique. Au moins j’ai un retour tactile de ma photo. En shutter électronique j’ai toujours peur que ça n’ait pas déclenché. Et comme son bruit est ultra feutré, ça ne pose aucun problème, il est quasiment inaudible.
La rafale à 15 i/s du shutter mécanique est déjà ultra rapide, mais en électronique on peut monter à 40 i/s. Ici un gif de 51 vues en moins de 2 secondes (rafale réglée à 30 i/s).
Pour une sortie de cérémonie ou un lancer de bouquet plus aucun risque de rater le micro instant parfait !
L’écran tactile permet un truc génial : sélectionner collimateur avec son pouce sur l’écran en mode visée EVF. L’œil dans le viseur vous pouvez avec votre pouce gauche glisser sur l’écran LCD pour faire défiler le collimateur. Bien plus rapide qu’avec le joystick (qui est lui un peu trop nerveux)…. Mais souvenez-vous que l’appareil ne sait pas reconnaitre un pouce… d’un nez (toi-même tu sais, tu as déjà décroché un appel avec son nez) ! Donc si votre nez touche l’écran, votre collimateur ira sûrement ailleurs que là où vous voulez. Donc à moins de s’appeler Voldemort, c’est un peu ennuyeux.
FUJIFILM X-H2S - LES DÉFAUTS
Au niveau des défauts le tableau n’est pas tout rose pour autant. Ce sont pour beaucoup des défauts d’ordre logiciel. J’ai espoir que Fujifilm lise un jour ce post et travaille sur un firmware qui permette de régler ces problèmes d’ergonomie. Malgré la mise à jour du firmware 2.0 le 29 septembre 2022, les défauts suivants ne sont pas corrigés.
1 – La molette arrière va dans le mauvais sens pour les ISO. Les ISO baissent lorsque je tourne la molette vers la droite ! Ça me rend fou tellement c’est contre intuitif. C’est vraiment étrange d’autant qu’on peut paramétrer tellement de réglages perso, dont le sens de rotation de molettes justement… mais uniquement pour la vitesse et l’ouverture !
2 – l’eye sensor est trop sensible. Il bascule entre la visée EVF et LCD dès qu’on passe la main devant. C’est donc vraiment ennuyant en visée poitrine. Pour remédier à ça j’ai collé un morceau de gaffeur sur la moitié du capteur. Il perd ainsi en sensibilité et l’EVF ne s’allume que lorsque je colle l’appareil à mon œil. J’aimerais que l’OS permette soit de régler sa sensibilité, soit de limiter le nombre de choix de visées possibles parmi les 5 différents ! Car pour passer de l’un à l’autre il faut tous les faire défiler, c’est infernal.
3 – L’appareil bugue avec le matériel TTL de Godox (flash et trigger). J’ai trouvé des tutos ( https://www.youtube.com/watch?v=VomfmN0t6qg&t=504s) qui permettent de contourner le problème pour la prise de vue en rafale, mais ça ne règle pas le problème pour la prise de vue en mode vue par vue. Je m’affranchis de ce bug en utilisant un trigger pour Nikon. Il le voit comme un trigger manuel et ne cherche pas à calculer le TTL. Je vous renvoie à ces vidéos qui expliquent le problème, connu chez Fuji/Godox depuis des années. Dans mon cas ce n’est pas grave puisque je suis constamment en flash manuel.
Chose étrange, ce problème n’existe pas sur X-T3 !
Voici une video qui expose le problème (écoutez mon sublime french accent, c’était fait pour une groupe facebook anglophone)
4 – À l’inverse de Nikon, l’appareil ne bascule pas automatiquement en mode en mode visée reflex quand on connecte un flash/trigger. Je suis obligé d’assigner la fonction à un des nombreux boutons personnalisables. C’est à la fois casse pied, car à force on ne sait plus très bien dans quel mode on est, et bien, car ça permet de contrôler d’un clic la quantité lumière ambiante lors de la prise de vue avec un flash. De la même façon, et toujours à l’inverse de Nikon, lorsqu’un flash/trigger est connecté, il n’est pas possible de bloquer la vitesse à 1/250s (vitesse de synchro). Il existe donc un risque d’erreur, et de se retrouver avec l’ombre du rideau si on shoote à plus que 1/250s. L’appareil est donné pour 1/250s, mais j’ai testé à 1/320s, on ne voit pas l’ombre ! Elle devient visible à 1/400s. Dans le doute je reste à 1/250s maxi. C’est d’ailleurs mieux que Nikon Z6 qui limitait à 1/200s, c’est toujours ça de gagné. Évidemment ce n’est pas un problème si vous aimez le HSS, mais ce n’est pas mon cas.
5 – Au niveau de la gestion de l’énergie, la sortie de veille est ultra longue ! Mais vraiment ! De l’ordre de plusieurs secondes !! Il vaut mieux éteindre et allumer ça va infiniment plus vite. Je vais creuser le mode Boost, peut être que ça améliore les choses. Mais comme la batterie fait environ 1000 photos en mode normal, j’ai peur de la faire fondre en mode boost. Sur un mariage j’utilise 6 batteries pour mes 2 appareils.
Sachez que Fuji ne livre plus de chargeur dans la boite ! Achat du double chargeur optionnel obligatoire !
CONCLUSION
J’ai pris le risque de changer de matériel en cours de saison. Enfin risque c’est un bien grand mot… Quelle que soit la marque ça reste un appareil photo. Si comme moi vous shootez tout en manuel, il n’y pas vraiment de difficulté à passer d’une marque à une autre.
Pour résumer, je dirais que c’est l’appareil parfait pour la journée, tellement son autofocus est exceptionnel et l’encombrement réduit. Cependant, il montre ses limites le soir lorsque je sors les flashs.
En dehors des contraintes de visée et de vitesses évoquées plus haut, peut-être que tout deviendrait parfait avec des flash Profoto, mais vous l’avez compris je suis un gros radin. Si j’achète des boitiers à 2700 euros au lieu de 7000 d’un Z9, des objectifs à 400 euros au lieu de 1000 euros , ce n’est pas pour acheter des Profoto A10 à 1000 euros lorsque je peux avoir des Godox V1 à 270 euros.
Cependant ça reste un super compromis pour le photographe de reportage de mariage que je suis. Ce que je veux c’est être réactif, discret et avoir des photos nettes. L’encombrement XXS de l’écosystème Fuji X, l’autofocus diabolique et le crop du capteur APS-C me permettent d’avoir tout ça et c’est finalement ce qui compte.