Fujifilm XT3 – Switch Nikon to Fuji
Une fois n’est pas coutume, je vais geeker un peu. On parle matos aujourd’hui. Je suis passé au Fujifilm XT3, switch Nikon to Fuji.
Oui je sais, le matos on s’en fout, ce n’est pas le matériel qui fait le photographe, bien que certains clichés aient la vie dure « vous avez du beau matos, vous devez faire de belle photos, ce à quoi j’ai envie de répondre, vous avez un joli stylo, vous devez écrire de super romans. Bref (cette phrase était très longue).
Mais bon, même si ce n’est pas capital, ça reste important.
Et puis je vais être franc, parler matos c’est un petit plaisir coupable, comme manger une cuillère de Nutella : c’est un peu la honte, mais ça fait du bien.
Je suis photographe pro depuis 2010 et depuis mon lancement j’étais équipé en Nikon Full frame. Successivement D700, D3, D4S, D800, D810, et D850
Nikon fait du matériel remarquable, tant au niveau des boitiers que des optiques et j’ai toujours été satisfait de la marque.
Au fil du temps je suis passé des zooms aux focales fixes. Non pas pour des questions de qualité mais d’encombrement. Les gros objectifs longs et lourds que sont parfois les zooms ne me satisfaisaient plus et j’ai trouvé un épanouissement dans l’utilisation de focales fixes bien plus compactes.
Mais malgré un équipement de plus en plus léger au fil des ans, je voulais avoir des choses encore plus légères.
Quand j’ai découvert les appareils Fuji il y a quelques années, j’ai voulu les essayer instantanément. D’abord le Xpro1, puis le XT1. Sur le papier c’était le combo parfait. Des appareils pro, au format de poche. Mais j’ai été déçu. Déçu par le rendu, par l’ergonomie et la réactivité. Des défauts de jeunesse. Et puis en bon geek je ne me sentais pas trop d’abandonner le full frame pour de l’aps-c. Bouh l’aps-c c’est pas du matos de pro pensais-je secrètement.
À l’automne dernier j’ai eu l’occasion de me faire accompagner en second shooter par Gérald Mattel qui shoote en Fuji. Il avait replanté une graine…
Un mois plus tard j’ai pu me faire prêter par mon amie Estelle Lefevre un appareil plus récent, un Fuji XT2. Elle l’utilise en architecture. Je l’ai emmené en plus de mes 2 Nikon sur un mariage pour refaire un test. Il était équipé d’un zoom 10-24 F/4 (équivalent 15-35). Cette petite ouverture était l’occasion parfaite de voir ce qu’on pouvait en tirer sur un mariage.
Je ne sais pas si c’est moi qui suis devenu plus tolérant ou si la technologie avait fait un bond, mais j’ai accroché directement. J’ai pu le tester du matin au soir, depuis les préparatifs dans un château sombre jusqu’à la soirée. Et au final j’ai fait 30% des photos de la journée avec.
La décision était donc prise. Si ça marche avec un XT2 et un objectif qui ouvre à f/4 alors avec un Fujifilm XT3 donc l’autofocus est présenté comme plus vaillant et des optiques lumineuses, ça devrait rouler tout seul.
Voici quelques photos de ce mariage au XT2. Vous pouvez d’ailleurs en voir plus sur mon précédent billet de blog ici.
Et puis APS-C vs full frame, je me suis bien rendu compte que c’était du pignolage. C’est même un avantage pour moi qui ai tendance à vouloir inclure pas mal de contexte dans mes images, donc avec une profondeur de champ plus longue à ouverture égale, j’y gagne.
La montée en iso ? Parfaite pour mes besoins jusqu’à 6400, je n’ai jamais besoin de plus. Ci-dessous quelques images à hauts iso. Ça va très bien non ?
Me voilà donc équipé avec 2 Fujifilm XT3 et tout un tas d’objectifs qui couvrent mes focales de prédilection. J’utilise principalement le Fujinon 16mm/1,4 et le Fujinon 35mm/2 (équivalents 24 et 50mm donc).
Je suis aussi équipé d’un Samyang 12mm f/2 manuel qui sert pour les photos de soirée. Il est minuscule et je peux tenir l’appareil à une main, le flash dans l’autre, chose qui était ardue avec un D850. Sa mise au point est totalement manuelle mais… Fujifilm propose le focus peaking ! Et c’est juste magique : la zone de netteté s’illumine en rouge dans le viseur, la mise au point devient alors un jeu d’enfant.
J’ai également un Fujinon 56mm/1,2 qui sert de petit téléobjectif pour les portraits.
Le 90mm/2 est sur la shopping list. (edit septembre 2019 il est dans la besace depuis cet été).
Tout ce petit monde tient largement dans mon fidèle (mais très laid, on ne peut pas toujours avoir du style) sac à dos en compagnie de mes flash, grilles, déclencheurs etc…
J’ai pu tester tout ça en douceur sur des séances couple (dont une à la neige) et j’ai enfin couvert un mariage entier avec ce nouveau matériel à la fin du mois dernier.
Pour rien au monde je ne reviendrais à mes DSLR. L’autofocus est incroyablement précis, et depuis le firmware 3.0, Fuji a amélioré la détection des yeux. C’est tout simplement prodigieux. Je n’ai jamais eu aussi peu de déchets de MAP. Là où ma façon de travailler me procurait au moins 10 à 15% de mauvais focus, je n’ai plus que quelques images floues sur les milliers faites dans la journée.
Alors tout n’est pas idyllique non plus.
Il faut prévoir quelques batteries. En Nikon je ne me souciais pas de ça, je savais que l’autonomie me donnait au moins 1500 shoots. Là, je tourne autour de 500. C’est pas mal déjà, mais ça implique de prévoir des batteries pleines à toujours avoir dans la poche. Ceci dit elles résistent bien au froid. Lors de ma séance à la neige, sur une journée entière de shooting, je n’en ai changé qu’une seule fois malgré la journée à skier avec l’appareil autour du cou, directement exposé au froid.
La sortie de veille est loooooogue. Au moins 1 sec. Ce qui est parfois trop long. On a plus vite fait d’éteindre et d’allumer l’appareil. C’est frustrant parfois. En visée écran, au bout que 10-15 sec, l’image devient moins lumineuse et saccade. Il parait que le mode « boost » règle ça (et augmente encore la réactivité de l’AF), au prix d’une consommation accrue des batteries. À tester.
L’articulation de l’écran arrière est mal pensée. Une rotule pivotante comme sur les derniers Canon EOS-R aurait été plus ergonomique. En retournant l’écran ça permettrait d’ailleurs d’éviter les allers-retours incessants entre la visée écran et l’EVF au prix de clics interminables sur le bouton view mode.
Je n’aime pas le rendu du capteur X-Trans. Fuji utilise une autre technologie que Canon et Nikon pour ses raws et Lightroom a du mal lors du dématriçage des fichiers issus de cette technologie. Les micro détails génèrent un effet « worm », « aquarelle », assez désagréable à mon goût. C’est particulièrement visible dans les détails de feuillage. Mais qui regarde une photo à 100% à part les pixel peepers qui shootent des murs en briques ? Sûrement pas mes clients en tous cas. Et moi non plus à vrai dire.
Mais en dehors de ça, quel plaisir. Mirrorless oblige, l’aperçu de l’expo en temps réel c’est vraiment le futur. Impossible de rater son exposition. L’EVF est très réactif et précis, j’ai totalement oublié la visée reflex du jour au lendemain.
Et on ne se pose plus de question de shooter en live view, c’est aussi réactif. Ça offre des nouvelles possibilités de cadrage et de discrétion. Shooter avec l’appareil au niveau de la ceinture ? Easy !
Appareil posé au sol ? OK, plus besoin de se rouler par terre (dommage pour le show ceci dit, mais je vais faire des économies de chemises).
Je n’ai pas encore eu l’occasion de bénéficier des avantages de l’obturateur électronique, qui est donc 100% silencieux, on verra à l’église. Il faut cependant savoir que si sa vitesse peut atteindre un incroyable 1/32000s (qui permet de shooter à f/1,2 à la neige au soleil, wouhou à moi le velouté crémeux du bokeh à 14h, comme les pros), ça ne fige pas le mouvement, puisque le capteur « s’éteint et se rallume » par un balayage qui prend 1/60s. Attention aux sujets qui bougent vite en obturateur électronique, effet de rolling shutter garanti. Ceci dit l’obturateur mécanique est déjà naturellement bien plus discret que celui d’un DSLR, et personne n’y prête attention.
Tout est paramétrable, et j’ai pu assigner toutes sortes de raccourcis aux innombrables boutons personnalisables.
Bien sûr c’est tropicalisé, tout temps, bullettproof, et tout le tsoin tsoin. Et il a 2 slots SD.
Et enfin, cadeau Bonux, j’ai gagné de l’argent. Beaucoup. Un Fujifilm XT3 ça vaut neuf 1450 euros TTC. Un D850, se revend d’occasion 2200 euros. Les objectifs Fujifilm très abordables, ce qui ne gâte rien.
Au final je me retrouve avec un sac photo qui s’est allégé d’au moins 3 ou 4 kilos et 3000 à 4000 euros.
Donc ravi de ce switch. Ça ne va pas changer mon travail fondamentalement, il n’y a rien qui ne m’était pas possible en Nikon qui l’est en Fuji (un mauvais ouvrier critique toujours ses outils), mais je vais pouvoir faire la même chose avec plus de confort et c’est déjà absolument énorme.
Cherry on the cake, le XT3 va devenir mon appareil de vacances. Jusque là j’utilisais un Fujifilm X100f qui m’évitait de trimballer un lourd réflex. Equipé d’un Fujinon 23mm/2 le XT3 le remplace parfaitement.
Très intéressant papier. Cependant.
J’ai eu un A7s (1e génération) et l’ai revendu, frustré de l’autonomie, de l’AF mou et de la lenteur du boîtier. Je n’ai toujours pas trouvé d’équivalent en terme de qualité d’image, que je n’ai vu chez aucun APS-C.
L’usage, la praticité et le coût sont une autre chose, on est d’accord. Mais la qualité d’image, c’est ce que je cherche. Les photos de mariage que vous montrez ne sont pas faites avec un d850 : elles sont belles parce que vous avez su capter un instant, vous maîtrisez les lumières et le cadrage, pas parce que la qualité d’image est exceptionnelle : elle ne l’est pas.
Pour les photos de paysage et de nature, où le rendu est déterminant, entre un APS-C Fuji et un FF Sony / Nikon, la différence est sensible. Hélas : je lis absolument tous les tests pour essayer de me prouver que j’ai tort, que les APS-C de Fuji font d’aussi belles photos qu’un FF Sony/Nikon, mais non. Pas encore !
Bonjour !
Excellent article, utile et avec ce qu’il faut de distance pour ne pas être ennuyeux 😉 Pour ma part je rejoins totalement le commentaire précédent. J’ai beau essayer de me convaincre que Fuji a un rendu aussi bon que Nikon ou Canon, je dois me résoudre à constater que non. Je n’aime pas le rendu. D’ailleurs je n’aime plus trop le travail de Franck Boutonnet depuis qu’il bosse en fuji. Mon dieu ces couleurs… désolé mais c’est vraiment pas joli. En Noir et Blanc ça passe par contre (encore heureux). Un mauvais ouvrier ne critique QUE son outil, un bon ouvrier sait quand il a dans les mains un truc qui ne lui correspond pas. Il ne s’agit pas de Fuji Bashing gratuit, je suis chez canon (reflex) mais je n’aime pas du tout le rendu des images produites par les nouveaux EOS R, j’y arrive pas, j’accroche pas. Bien embêté je suis face au mirrorless-du-futur où je n’arrive pas à trouver ma place. Un peu comme l’époque des téléviseurs au rendu « camescope » horrible et autres écrans à dalle brillante… Bref. Avant de me résoudre à admettre que je suis un vieux con, les seuls appareils qui proposent un rendu susceptible de réactiver mon mojo sont les Z6/Z7 version II de chez Nikon. Je trouve le résultat plutôt convaincant. Voilà ! Bye.